Les alternarives végétales sont-elles vraiment des produits ultra-transformées ?

On se retrouve pour parler nourriture végétarienne. Celles et ceux qui me suivent depuis longtemps savent que je ne mange pas de viande depuis plus de quinze ans car je n’ai jamais aimé ça. Je préfère prévenir, cet article est un peu long. 

Lorsque j’ai commencé mon régime végétarien, j’étais souvent contrainte de manger ce qu’on appelle les accompagnements. Les légumes ou féculents qui accompagnent la viande. Manger pour moi était donc devenu une corvée plutôt qu’un plaisir. Mais depuis quelques années, avec l’essor d’Instagram (dans cet article j’y ai recensé les meilleurs comptes food végé friendly), on retrouve de plus en plus de recettes végétariennes. C’est une nouvelle façon d’appréhender les repas, nous ne sommes plus sur le traditionnel viande + accompagnement, mais bien sur un plat préparé de A à Z. Puis, ces dernières années, des similis-carnés sont venus agrémenter les rayons de nos supermarchés. Bien que je n’étais pas vraiment attirée au départ (n’aimant pas la viande, je le rappelle), j’ai fini par me laisser tenter. Et certaines marques m’ont vraiment conquises. 

Cependant, ces similis-carnés ont mauvaise réputation. C’est le pourquoi de cet article, déconstruire cette mauvaise image des alternatives végétales. Ici, je vais donc répondre aux trois questions les plus fréquemment posées autour de ces produits : est-ce que ça ressemble vraiment à de la viande ? Quel est l’intérêt d’en consommer ? Ces produits ne sont-ils pas ultra-transformés ? 

Est-ce que ça ressemble vraiment à de la viande ?

Comme cela fait des années que je n’ai pas mangé de viande, je ne suis pas la mieux placée pour vous dire si c’est vraiment ressemblant. Mais j’aime partager mes découvertes avec mes amis et ma famille et d’après eux certains produits sont vraiment bluffant. C’est le cas notamment pour les lardons La vie, les knackis veggie, les nuggets Happyvore ou encore les émincés Heura. J’ai également pu goûter le simili-steak de chez Beyond Meat et c’est incroyablement trompeur ! 

Côté poisson, j’ai testé le Solmon de Ocean Kiss, il n’y a qu’au niveau de la texture, un peu trop épaisse, que l’on peut faire la différence. Autrement tout y est, le goût et l’odeur. C’est un produit super pour les fêtes ou pour faire des sushis sans faire de mal à nos océans (pour une piqûre de rappel concernant les méfaits de l’élevage de saumons, clic ici). Si on reste sur le thème des fêtes, Picard fait aussi un très bon simili foie-gras, mais mon préféré reste le foi green de Aberyne. 

Quant aux similis-fromages, je n’ai gouté que ceux de Violife, le blanc grec et le saveur cheddar. Pour le blanc grec, cela n’a pas du tout la même texture que la fêta, par contre je trouve que le goût est meilleur. Pour le faux cheddar tranché, dans un burger, par exemple, je suis incapable de faire la différence. Je commence tout juste ma transition vers les alternatives aux produits laitiers, pour des raisons de bien-être animal. Cela m’a pris du temps, mais aujourd’hui les alternatives sont de plus en plus accessibles alors je n’ai plus d’excuse.

Quel est l’intérêt d’en consommer ?

Déjà il n’y a pas un, mais plusieurs intérêts. Je vais commencer par celui qui est le plus évident pour moi : manger comme les autres. Eh oui, même si je n’ai jamais aimé la viande, voir les autres s’extasier autour d’un plat de pâtes carbonara ou de lasagnes à la bolognaise m’a toujours fait envie. Comme je l’ai expliqué plus haut, la cuisine en France consiste souvent à faire une viande et un accompagnement. Alors parfois ça fait du bien aussi de ne pas se prendre la tête et de faire comme les autres (ou presque). 

Autre intérêt : un apport en protéines. Eh oui, ces produits sont conçus pour une alimentation végétarienne, qui a donc besoin d’un apport en protéines. La plupart du temps, ce sont des protéines de soja ou de pois. Il y a aussi certains produits qui comportent de la vitamine B12 (une carence bien connue chez les végétariens), comme les fauxmages Violife ou le Solmon d’Ocean Kiss. 

Ces alternatives végétales permettent également de diversifier notre alimentation, ils nous ouvrent la porte à de nouvelles recettes. Personnellement, je pense qu’ils occupent aujourd’hui 20% à 30% de mon alimentation. Ce n’est pas tous les jours, c’est une fois de temps en temps. C’est un petit plaisir. 

Ces produits ne sont-ils pas ultra-transformés ? 

Pour répondre à cette troisième question j’ai fait appel à ma petite sœur qui est technicienne en agroalimentaire (tu peux aussi retrouver son avis sur So Shape ici). Elle est diplômée d’un DUT Génie Biologique, option Industries Agroalimentaires et Biologiques, ainsi que d’une Licence Professionnelle en Management de l’Innovation, de la Production et de la Sécurité Alimentaire. Elle est passionnée par l’alimentaire dans sa globalité : la cuisine, la pâtisserie, la nutrition et la transformation alimentaire et s’intéresse particulièrement aux processus de transformation des aliments ainsi qu’aux machines utilisées. Récemment, elle a relevé un défi lancé par un journaliste du Parisien : créer un jambon végétal en 3 semaines (la vidéo est à voir ici). Tout ça pour dire qu’elle sait très bien de quoi elle parle. 

Pour commencer, il faut faire la distinction entre deux types d’aliments ultra-transformés : ceux qui le sont par leur processus industriel et ceux qui le sont par leur composition.

Pour les aliments ultra-transformés par leur processus industriel, prenons un exemple simple : les gnocchis à poêler. Leur composition est très simple et ne contient aucun ingrédient à risque pour la santé. D’ailleurs, leur NutriScore est B. Si on regarde de plus près : le produit ne contient pas de sucre (ce qui est très bien), il contient du sel (en petite quantité) et peu de matières grasses. Ce produit ne présente donc aucun problème particulier pour la santé. Pourtant, il est bien classé comme aliment ultra-transformé, à cause de son processus industriel. En effet, le processus de transformation pour obtenir des gnocchis est complexe, et il va dénaturer certains ingrédients qui composent le produit final. Lorsqu’on parle de dénaturation, cela signifie que certains éléments vont perdre une partie de leur valeur. Via ce processus, certaines molécules (protéines, fibres, minéraux, vitamines, …) peuvent être modifiées, voire détruites. Cela n’a pas d’impact direct sur la santé, mais rend le produit « moins intéressant » d’un point de vue nutritionnel.

Pour les aliments ultra-transformés par leur composition, il s’agit ici de l’ajout d’ingrédients potentiellement nocifs pour notre santé (additifs, sucres, édulcorants, …). Le mot potentiellement est très important. Tous les additifs ne sont pas classés de la même manière : certains présentent un risque majeur pour notre santé, d’autres aucun. Ces derniers restent tout de même considérés comme additifs, car ce ne sont pas des molécules naturelles. Prenons l’exemple de l’acide citrique (E330). C’est un additif sans danger pour la santé, que l’on retrouve aussi naturellement dans le citron. Lorsqu’on lit sur une liste d’ingrédients E330 : acide citrique, cela signifie qu’il s’agit d’une molécule de synthèse (et non de l’acide citrique naturel du citron). Enfin, il faut aussi prendre en compte la teneur en additifs dans ces produits. C’est la quantité de certains additifs qui peut les rendre plus ou moins dangereux pour la santé.

En résumé, ce sont surtout les additifs auxquels il faut faire attention et notamment les colorants et arômes artificiels. Il vaut donc mieux privilégier les arômes et colorants naturels. Pour distinguer un « bon » d’un « mauvais » additif, le plus simple reste de scanner les produits que l’on achète (ou que l’on envisage d’acheter) via une application comme Yuka ou encore Open Food Facts. C’est très rapide et cela permet de mieux s’y retrouver.

J’ai également demandé à ma sœur de comparer plusieurs produits carnés avec leurs alternatives végétales. Elle a exposé le résultat dans un tableau très complet que tu peux consulter juste ici : comparaison

Dans cette comparaison, tous les produits examinés sont, d’une manière générale, trop transformés et trop salés, donc à consommer avec modération. Cependant, on peut noter que les alternatives végétales sont meilleures d’un point de vue environnemental (bien sûr), mais aussi de la qualité nutritionnelle. 

J’espère que cet article te permettra d’y voir plus clair à présent sur cette question de  « l’ultra-transformé ». N’hésite pas à partager cet article aux plus septiques ainsi qu’à ceux qui hésitent à se lancer dans les alternatives végétales. Et s’il te reste des questions, la section commentaire est faite pour cela, nous y répondrons avec plaisir.