Pourquoi j’ai arrêté de manger du poisson ?

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Celles et ceux qui me suivent depuis longtemps le savent, j’ai un régime pesco-végétarien. J’ai arrêté de manger de la viande il y a au moins 15 ans, parce que je n’aimais pas ça. En revanche, je mangeais toujours du poisson (d’où le pesco). A savoir que sur une année, ma consommation de poissons devait correspondre, en moyenne, à une fois par semaine, grand maximum. Petite précision avant de poursuivre mon propos, je mange des produits laitiers et des œufs, ce sont les végétaliens qui n’en mangent pas. J’ai donc pris la décision, il y a peu, d’arrêter de manger du poisson. Pourquoi ?

Adieu crevettes à la plancha, adieu sandwichs thon-mayo, adieu les Saint-Jacques à Noël…Pourquoi se priver de toutes ces bonnes choses ? Autant il n’a vraiment pas été difficile d’arrêter la viande pour moi, autant renoncer à mon plat préféré, les moules frites est un véritable crève-cœur. Mais si je le fais, c’est qu’il y a une bonne raison ! Comment continuer à manger du poisson ou des fruits de mer en sachant tout le mal que cela peut faire ?! Impossible. Si jamais tu as la flemme de lire jusqu’au bout, tous les arguments que je vais citer ci-dessous se trouvent dans le documentaire Seaspiracy disponible sur Netflix. Eh oui je n’ai rien inventé. Je vais donc résumer les points clés de ce documentaire qui m’ont fait prendre cette décision radicale. 

Le label pêche durable

C’est probablement la raison qui m’a fait prendre cette décision. Ce label n’est qu’une foutaise de plus dans le monde des labels. Les pauvres consommateurs naïfs que nous sommes font confiance à ce genre de labels, et pourtant… En regardant ce documentaire, j’ai appris que des gens meurent à cause de ce label. En plus, de ne pas être fiable, comme si cela n’était pas suffisant, les inspecteurs qui sont chargés de vérifier les conditions à bord des navires sont retrouvés morts en mer. Il n’y a donc quasiment plus d’inspecteurs pour être en mesure de certifier qu’il s’agit bien de pêche durable. Pire encore, oui c’est possible, une enquête menée par Sea Shepherd France, a réussi à montrer qu’un navire de pêche portant le label “Dolphin safe” capturait des dauphins dans ses filets, c’est ce que l’on appelle des prises accessoires.  

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Le saumon

J’ai une sensibilité particulière envers les orques, j’avais d’ailleurs déjà parlé du documentaire Blackfish ici. Il y a quelques mois, j’ai assisté à l’avant première d’un documentaire intitulé “Coextinction”. Le documentaire s’intéresse à la malheureuse extinction des orques résidente du sud en Colombie Britannique (Canada). Il ne reste plus que 73 de ces orques, si trois d’entre elles meurent, alors on pourra considérer cette espèce comme éteinte. L’équipe du documentaire va chercher tout au long du film à expliquer les causes de cette extinction. Est-ce le nombre de bateaux en pleine croissance dans ces eaux ? Est-ce ce projet de pipeline qui va attirer encore plus de cargo  dans la région ? Ou bien est-ce les fermes de saumon ? Il n’y a pas un seul coupable. Mais le cas des fermes de saumon est assez parlant lorsque l’on veut illustrer la coextinction. Dans ses fermes, les saumons sont malades, n’ayant pas assez d’espaces, ils développent des malformations. Étant nourrit aux antibiotiques, ils attrapent des poux qui vont finir par les dévorer. Le problème, c’est que ces maladies ne se limitent pas aux fermes, elles se dispersent dans l’océan, rendant les saumons sauvages également malades. Si ces saumons sauvages survivent aux maladies, ils doivent encore passer de nombreux barrages. Au final, leur population a drastiquement diminuée. Sans saumon, non seulement les orques, mais aussi les grizzlis, les loups et les premières nations ne peuvent plus se nourrir convenablement. C’est toute la chaîne alimentaire qui est impactée. 

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Il y a tellement à dire sur la nécessité de préserver l’océan pour préserver notre existence même. Cet article risque déjà d’être trop long alors je vais seulement donner un chiffre : au cours de sa vie, une baleine peut absorber, en moyenne, 33 tonnes de CO2, à titre de comparaison, un arbre absorbe jusqu’à 48 kilos de CO2 par an. Il faut savoir que 50% de l’oxygène sur terre provient des océans, il est donc primordial de les préserver. 

La famine et Ebola

L’industrie de la pêche vaut des milliards d’euros. A cause de la surpêche qui a d’ores et déjà entrainé l’extinction de certaines espèces, des chalutiers venus d’Asie et d’Europe se retrouvent à pêcher illégalement sur la côte africaine. Appauvrissant les ressources des locaux, ils ont entraîné une famine sans précédent. Comment faire le poids face à ces mastodontes de la pêche ? Les pêcheurs africains se retrouvent sans poisson et démunis face à la situation. Pour pouvoir s’alimenter, ils se retrouvent alors à devoir manger de la viande de brousse, ce qui cause les épidémies du virus Ebola

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Les crevettes thaï

La Thaïlande est le premier pays exportateur de crevettes. Le problème, au-delà de la pêche intensive bien sûr, ce sont les conditions de vie des pêcheurs à bord des navires. C’est ce que l’on peut assimiler à de l’esclavagisme moderne. Interdiction de quitter le navire pendant des mois, voire des années, sans parler des coups qu’ils peuvent recevoir. Ça coupe l’appétit n’est-ce pas ? En France, il semblerait que nos crevettes proviennent plutôt des pays nordiques et de l’élevage. Mais on peut très bien imaginer les conditions d’élevage des crevettes à l’instar du saumon. Toujours pas très appétissant. 

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Les filets de pêche

On nous parle souvent de réduire notre consommation de plastique, sac, paille, coton tige… pour éviter qu’ils se retrouvent en mer et finissent dans l’estomac d’un animal. Mais en réalité, les déchets plastiques les plus retrouvés dans les océans ou sur le littoral ce sont les filets de pêche. Cela se passe de commentaire.

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Tant que la pêche ne sera pas mieux encadrée, je refuserais de manger à nouveau du poisson. Consommateurs, nous oublions souvent que nous avons un véritable impact sur le monde. Si la demande en poisson diminue, alors la pêche devra également diminuer. Rien n’est perdu, la biodiversité marine est résiliente, elle est capable de se régénérer assez vite. Mais il faut agir dès maintenant pour lui laisser une véritable chance. J’ai bon espoir de pouvoir un jour, manger du poisson à nouveau. 

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