La Colombie-Britannique : terre des orques

Après ces quelques jours à Seattle (dont je t’ai parlé dans mon précédent article), il est temps désormais de te parler de mes aventures à Vancouver et aux alentours. Ce séjour était organisé par Morgane alias Little Gypsea, que j’avais déjà eu la chance de rencontrer lors d’un séjour observation des cétacés dans les landes. Le but de ce séjour à Vancouver était de pouvoir observer les orques de manière éthique et donc  de réaliser mon rêve d’enfant, rien que ça ! 

Pour des raisons évidentes de préservation des lieux et des animaux, que Morgane a mis pas loin de 10 ans à trouver, je ne donnerais pas ou peu de localisations. L’objectif ici sera d’essayer de transmettre les incroyables émotions de ce voyage et de sensibiliser à la protection de la faune et de la flore très riche dans cette région. 

Jour 1 – Bienvenus à Vancouver 

Après 4 heures de train entre Seattle et Vancouver, me voilà arrivée au Canada. Au passage, j’en profite pour dire que le trajet longe la côte, il est donc visuellement très agréable. J’ouvre une parenthèse pour dire que l’on est plutôt sur un train de type TER que TGV, mais cela laisse le temps d’admirer le paysage et ça tombe bien puisque la slow life, c’est tendance. Bien que les trains soient plutôt vétustes, on appréciera la qualité du service client. Cela vaut donc le coût d’emprunter les voies terrestres plutôt qu’aériennes. Parenthèse fermée. Arrivée à l’hôtel, je fais donc connaissance avec les autres membres du groupe qui m’accompagneront lors de cette aventure extraordinaire. Un passage à Stanley Park pour faire les présentations en bonne et due forme. Un autre passage au Walmart (moins sexy) pour faire le plein de courses afin de se sustenter les prochains jours sans y laisser un rein. Point important, comme pour les Etats-Unis, le coût de la vie est assez élevé au Canada, que ce soit pour les nuits d’hôtel ou même la nourriture. Et voilà que le jet lag nous rattrape tous. De toute façon, il faut se coucher tôt car demain, départ aux aurores pour prendre le ferry. 

Jour 2 – Vancouver Island 

À partir de maintenant, je vais rester vague sur les emplacements. Après la traversée en ferry, pendant laquelle certains ont eu la chance de voir une baleine à bosse sauter et même une orque passer sous le ferry (j’ai choisi le bon moment pour aller aux toilettes…), nous arrivons donc sur Vancouver Island. La journée commence par la visite d’une forêt ancestrale et se poursuit par un pique-nique au bord d’une rivière. Le décor est planté, pygargues et vautours organisent un véritable ballet aérien, tandis que les saumons, qui, à cette saison remontent la rivière, viennent faire une pause près de la plage sur laquelle nous nous sommes installés. D’ailleurs, il semblerait que nous nous soyons installés sur le territoire d’un ours, déjection fraîche et carcasses de saumons jonchent le sol. Plus tard, alors que le soleil nous réchauffe, nous décidons de nous baigner dans cette rivière avec les saumons. Puis c’est déjà l’heure de découvrir notre hôtel pour la nuit et de prendre un verre tous ensemble afin de mieux faire connaissance. 

Jour 3 – Départ sur une nouvelle île 

Nous faisons beaucoup de route aujourd’hui pour rejoindre notre prochain hôtel et c’est tant mieux car le temps n’est pas au beau fixe. Nous faisons quelques arrêts sur la route pour admirer la beauté des paysages. Le midi, nous décidons de nous réfugier dans un restaurant et pour y arriver nous avons emprunté des sentiers assez escarpés dans la forêt. Le lieu semblait suspendu hors du temps. Pour atteindre le restaurant, il fallait traverser un ponton en bois avec de part et d’autre des phoques qui sortaient leurs têtes de temps en temps. Nous prenons un autre ferry, là encore je manque les orques, mais pour me consoler, des loutres font l’animation pendant la traversée. Le soir, nous arrivons dans un fabuleux hôtel, nos chambres donnent sur la mer. Le temps se montrant plus clément, nous décidons d’aller admirer le coucher du soleil sur la plage en bas de l’hôtel. Quelle vue ! 

Jour 4 & 5 – Journées d’observation à la plage

Sur une plage (dont je garderais bien secrètement le nom) nous avons passé deux journées de 12 heures à attendre les orques. Cette plage est réputée pour accueillir les orques qui désirent “rubber”. Mais qu’est-ce que le rubbing ? Lorsque les orques résidantes ont bien mangé, pas les nomades (oui il existe plusieurs espèces d’orques, je te mets un petit visuel dans le diaporama), elles aiment aller se gratter le ventre sur les galets au bord de certaines plages. Autant te le dire de suite pour limiter le suspens, lors de ces deux jours, nous n’avons pas vu de rubbing. Cependant, nous avons vu beaucoup d’autres animaux : des otaries de steller, des marsouins, des loutres de rivière, un pygargue à queue blanche (alias Géraldine pour les intimes) et le clou du spectacle, des baleines à bosse ! Deux journées donc riches en émotions pendant lesquelles nous avons pu faire encore plus connaissance avec le groupe. C’est fou de se dire que tout ce temps n’a pas été occupé par des écrans, ni même des livres, mais simplement par des discussions et des heures à scruter l’horizon

Jour 6, 7, 8 & 9 – Orca camp

Pour te mettre dans l’ambiance, je te recommande d’aller écouter l’hydrophone d’OrcaLab qui est placé pas loin de notre campement. C’est en live et si tu es patient, tu pourras notamment entendre des orques et des baleines à bosse : https://www.youtube.com/watch?v=_M2WVpSzgCI

Le 24 août 2024 est désormais le plus beau jour de ma vie ! Non je n’en fais pas de trop. C’est donc le jour où nous sommes arrivés à Orca Camp. Nous avions eu l’information comme quoi des orques étaient en train de se gratter le ventre au bord d’une plage située dans une réserve naturelle qui se trouve à la limite de notre camp. À peine le temps de poser nos sacs à dos dans les tentes que l’on entend crier “Orcaaaaaa”. Ni une, ni deux, tout le monde est sortie de la forêt pour courir en direction de la plage. Et là, le défilé a commencé. Nous avons vu passer devant nous 4 familles d’orques (que l’on appelle des pods). Il faut savoir qu’il est rare d’en voir autant d’un coup. Le matin même, Morgane nous faisait un briefing sur les différentes espèces et les comportements que nous pouvions observer. Si je parle de défilé, ce n’est pas un hasard. Nous avons eu le droit à un breach (un saut) et au moins deux slapping (lorsque les cétacés frappent l’eau avec leurs nageoires). Les guides avaient sorti l’hydrophone afin que nous puissions profiter de ce moment pleinement. Evidemment tout le monde à verser sa petite (grosse) larme. Tout juste remis de ces émotions hors du commun, nous prenons les kayaks pour notre première sortie. Le temps est dégagé et l’eau d’un calme olympien, parfait pour les observations. Quelques minutes après la mise à l’eau, nous nous retrouvons nez à nez avec un groupe d’otaries de steller. Après une petite pause pipi sur une plage, nous poursuivons notre sortie, quand tout à coup… Orques !!!! Elles arrivent sur nous. Elles sont deux. On les voit passer près de nos kayaks. Beaucoup m’ont demandé si je n’avais pas eu peur. Eh bien non, à ce moment-là nous sommes tous dans un moment d’euphorie. Par sécurité, les guides, qui étaient 3 pour encadrer notre groupe, nous demandent de nous tenir les uns aux autres pour faire masse. Les orques partent un peu plus loin pour aller se gratter au borde de la plage où nous nous étions arrêtés quelques minutes plus tôt. MAGIQUE. De retour au camp, après une bonne douche et un bon dîner, nous scrutons à nouveau l’horizon au coucher du soleil. Et voilà que deux orques décident de se pointer au loin pour nous souhaiter une bonne nuit

Deuxième jour sur le camp, le petit-déjeuner prit, c’est l’heure de se brosser les dents. Jamais bien loin de la plage, voilà que des orques passent nous dire bonjour. Nous montons avec hâte dans les kayaks. Aujourd’hui, nous traversons le détroit pour atteindre l’autre rive. Après une petite randonnée, nous atteignons un centre d’observation scientifique : Cetus. Les personnes sur place ont à peine eu le temps de finir leurs explications que des orques ont pointé le bout de leurs dorsales juste en dessous de nous. Aux jumelles, qui sont dirigées vers la plage de la réserve, nous avons même la chance d’observer des ours noirs. Après le déjeuner, nous reprenons les kayaks et jusqu’au retour sur le camp, nous avons vu passer plusieurs pods d’orques sur notre gauche, en face de nous, puis sur notre droite. Je suis obligée de faire une autre parenthèse sur les bateaux de croisière. Dans ce détroit, il y a 3 gros bateaux de croisière qui passent chaque jour. Au-delà de la pollution visuelle évidente, ces bateaux font énormément de bruits dans l’eau. J’en suis témoin grâce à l’hydrophone que les guides avaient apporté sur leur kayak. Le problème, c’est qu’à cause de ce bruit, les orques ne peuvent plus communiquer entre elles, cela génère beaucoup de stress pour les animaux marin. 

Le troisième jour, la pluie et le vent ne nous permettait pas de sortir en kayak. Malgré une journée un peu morose, le temps a décidé de se dégager en fin de journée, après le dîner. Nous nous sommes alors naturellement dirigés vers la plage, quand tout à coup…orques à l’horizon. Elles sont passées, le soleil couchant, en compagnie de marsouins. À noter que les orques résidantes ne mangent que du saumon, ce sont les orques nomades qui peuvent effectivement manger des marsouins ou des phoques. On les distingue notamment grâce à leur taille, les nomades étant généralement plus grosses, mais aussi grâce à leur saddle patch (la tache blanchâtre derrière leur dorsale), celle des résidentes n’est pas pleine. Je vais profiter de cet aparté pour préciser que les orques résidentes que nous observions étaient les orques résidantes du Nord et non celles du Sud, qui sont en danger critique d’extinction (plus que 74 individus dont une naissance en 2024). Ce qui distingue les deux groupes c’est leur localisation autour de Vancouver. Les résidantes du Nord se portent plutôt bien car elles trouvent beaucoup de saumons, quant à celles du Sud, malheureusement, elles ont du mal à s’alimenter correctement, ce qui explique leur disparition. Tout est très bien expliqué dans le documentaire Coextinction, que je te recommande.  

Le dernier jour à Orca Camp, le bateau venait nous chercher à 11h. Sur les coups de 10h, tout le monde était prêt et s’était installé sur la plage pour tenter, une dernière fois d’observer les orques. Et comme pour nous dire au revoir, 2 ou 3 pods sont passés juste devant nous, un peu comme le premier jour. Mais cette fois, elles étaient venues en compagnie de dauphins à flanc blanc qui nous ont fait le show avec des sauts spectaculaires. Outre les souvenirs et les rencontres incroyables sur ce camp, ce qui était tout aussi merveilleux c’est de ne pas avoir une seule barre de réseaux. Rien nada. Le BONHEUR. Une totale déconnexion qui fait le plus grand bien. Etant assez persuadée que l’on serait plus heureux sans nos téléphones, je n’exclus pas l’idée de refaire une expérience similaire et, pourquoi pas, d’en faire un article dédié. 

Jour 9 & 10 – Retour à Vancouver

Difficile pour tout le monde de retourner à la ville, mais jusqu’au bout nous avons pu profiter de ce que la Colombie-Britannique avait à nous offrir. Sur le ferry du retour, nous avons eu la chance de pouvoir observer plusieurs baleines à bosse. Je vais faire court pour la conclusion. Tu l’auras compris, ce voyage était incroyable, extraordinaire, magique, hors du temps. Si tu veux vivre la même expérience, une seule personne à contacter : Little.Gypsea. Merci à elle d’avoir rendu mon rêve accessible ! 

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